Septembre 1989 : U Svegliu Calvese organise un concert, à la demande du groupe A Filetta, dans la cathédrale Saint Jean-Baptiste, dans la citadelle de Calvi.
A Filetta revient d’un séjour en Sardaigne, et les chanteurs souhaitent rendre leur invitation, à ceux du village d’Orosei, qui les ont si bien reçus. Les voix corses s’élèvent, âpres et tendres, passant de la tradition la plus pure aux compositions timides auxquelles ils s’essayent, ébauchant ainsi la tradition de demain. Puis, les voix sardes s’élancent, puissantes, rauques et mugissantes, tel un flot qui fait déferler toute la tradition profane et sacrée de l’île sœur. Surprise et joie du public, qui découvre auprès des deux ensembles, l’émotion issue de cette expression collective, rude et sans artifice.
Les Rencontres de Chants Polyphoniques sont nées ainsi : d’une rencontre première, vivante et chaleureuse, d’une expression vocale où l’individu sort grandi de la place qu’il occupe au sein du groupe, d’un échange son à son, note à note, qui laisse transparaître toute la vérité d’une âme.
Les Rencontres sont donc le fruit d’’un partenariat original, entre un groupe de chanteurs professionnels, et l’un des plus anciennes associations culturelles de l’île, fidèle à un bénévolat militant.
35 ans plus tard, A Filetta accueille toujours les groupes invités, à l’initiative du Svegliu Calvese, qu’ils viennent de Géorgie, de la Réunion, du Tibet, de Bretagne, ou bien sûr, de Sardaigne. En aurons-nous parcouru des kilomètres, portés par les voix de Huun Huur Tu (Mongolie), des moines tibétains de Gyuto, par le Kodo (Japon), par Vocal Sampling (Cuba), ou par Faiz Ali Faiz (Pakistan) ! Et le voyage est loin d’être terminé, car des Rencontres passées, nous aurons gardé le goût du vaste monde…
Les compositions du groupe A Filetta ont mûri, elles se sont étoffées, nourries, et en sa compagnie U Svegliu Calvese s’est enrichi de mille rencontres. Mais le plaisir est toujours aussi vif de découvrir, dans ces voix, proches ou lointaines, le souffle primordial de l’homme.
Car, comme le dit Henri Gougaud : "Plus beau qu’eux-mêmes est le chant des hommes. Rien ne dit plus bravement leur dénuement, leur foi, leur insoupçonnable grandeur. "