À l’heure où les streets artistes rentrent dans les collections de musées, Outings project prend le contre-pied et sort les classiques de leurs cadres dorés pour les exposer dans la rue.

La collection Fesch s’expose sur les murs de la citadelle…

Il a été bien généreux le tonton de Napoléon, Joseph Fesch de son nom, Cardinal de son état et grand aumônier de l’empire, en léguant près de mille tableaux de sa collection compulsive, à la ville d’Ajaccio.
Les choses auraient pu en rester là, mais c’était sans compter l’intervention d’un autre Joseph, Joseph Bonaparte, comte de Survilliers, le propre frère de l’empereur qui, contestant le testament de son oncle, fit don de certains des tableaux à diverses villes de Corse, dont Calvi !
Et voilà les murs de la mairie de Calvi, recouverts de tableaux réalisés par des ateliers prestigieux des XVIème et XVIIèmes siècles, comme celui du cavalier d’Arpino.
Mais, qui le sait ? Qui en profite, à part quelques curieux clairvoyants ?
C’est pourquoi, lorsque Julien de Casabianca revint chez nous, c’est-à-dire chez lui, à Calvi, pour nous proposer de « sortir » les œuvres de la mairie de Calvi, afin les disséminer tout au long d’un cheminement emprunté par notre public, nous avons accepté avec enthousiasme.
Ainsi, on pourra voir la belle Suzanne, ayant éloigné les vieillards concupiscents, lever son doux regard au ciel, depuis le mur de la cathédrale…Et on verra les autres, l’œil rêveur, la fesse espiègle, le doigt moralisateur ou ce regard lancé par-dessus une épaule, se dresser ou surgir, derrière un mur, un rocher, une porte…Et nous jouerons les Petit Poucet, lancés sur les traces d’un collectionneur avide, dont la vie s’imbrique étroitement dans l’Histoire, une Histoire grandiose et parfois monstrueuse, dont les éclats viennent consteller les murs de la citadelle de Calvi.
« Si tu ne viens pas à Lagardère, Lagardère ira à toi. » Chacun a le souvenir de cette phrase, rendue célèbre par le film « Le Bossu ». Eh bien ! On peut considérer que Julien de Casabianca a pastiché cette phrase comme cela : « Si tu ne vas pas au musée, le musée ira à toi. »
Et quand les musées vont vers le peuple, alors on assiste à une réappropriation populaire de l’art : c’est ce que fait Outings, c’est ce que font U Svegliu Calvese et A Filetta, à travers les Rencontres de Chants Polyphoniques.